Et construire, aimer le monde de demain
Comment bien prendre soin de soi afin de mieux vivre le contexte sanitaire, nos points de désaccord avec la politique que nous subissons, et transformer notre regard sur le monde ?
Être davantage en accord avec soi, avec ses émotions, avec ses aspirations, permettra-t-il de se sentir davantage autonome et de redevenir pleinement acteur de sa vie, en interagissant avec le monde d’une manière qui nous convient ?
Aujourd’hui, l’actualité nous confronte à des nouvelles de plus en plus anxiogènes. Comment ne pas s’interroger sur l’état du monde, sur l’avenir de nos sociétés, de l’humanité ?
Faut-il se révolter, combattre, ou se résigner, renoncer ?
Ni l’un ni l’autre je crois.
Combattre c’est créer de la tension dans notre vie quotidienne. Être contre, toujours,ce qui génère une grande dépense énergétique, de la fatigue, du découragement, des rapports de force incessants...
Renoncer c’est se réfugier dans des dérivatifs, des exutoires, ou chercher des boucs-émissaires, pour survivre le mieux possible. Ce peut être aussi se laisser simplement aliéner par l’injonction sociale : réussis, consomme, produis, divertis-toi !
En fait, ces injonctions nous invitent à nous détourner de nous-mêmes pour regarder vers l’extérieur et nous efforcer de satisfaire une image de soi. Au règne de l’inconscience il y a bien différentes manières de porter des masques !
Une nouvelle voie est à entreprendre…
Le vrai défi de l’existence
le véritable et grand défi de la vie, c’est apprendre à se reconnaître, à se connaître, à s’estimer avec justesse et bienveillance.
C’est pourquoi le contexte actuel nous invite en fait à mieux prendre soin de nos besoins fondamentaux, non pas pour se replier sur soi dans une démarche égoïste, mais pour se mettre en accord avec ce qui nous anime au plus profond de nous, à qui nous sommes vraiment.
Il est temps d’amplifier ce retour à notre essence originelle, dans l’intériorité. Accepter de rentrer en notre être en dépassant la peur de ce que nous pouvons y trouver, de cet inconnu que nous croyons être pour nous-même.
Reconnaître sa propre vulnérabilité
Apprendre à accepter notre vulnérabilité est un des premiers grands pas.
Si je suis capable d’aimer en moi cette partie que le monde extérieur invite à rejeter ou délaisser, je vais pouvoir me rassurer, mieux considérer et prendre soin de cette dimension qui se sent inférieure, méprisable. C’est un cheminement qui renforce, car il détruit peu à peu les clivages, les idées reçues, les jugements de valeur.
Si je m’accepte vulnérable, je m’assume en responsabilité et, fort de cette transformation, peu à peu je m’aperçois que je crains de moins en moins le regard des autres sur moi.
L’acceptation de la vulnérabilité est vraiment le chemin de l’Amour, et cheminer vers l’Amour c’est parvenir à ne plus être sous l’emprise de nos peurs, conscientes ou inconscientes.
Le véritable pouvoir personnel
Pour être fort, nécessité est de s’accepter vulnérable !
Dans ce cas nous faisons l’apprentissage de notre véritable pouvoir personnel.
L’Ego invite à comparer, à se mettre en concurrence, à établir des rapports de domination. C’est une façon pour lui de tenter d’apaiser ses peurs, de les rejeter au plus loin de lui dans l’inconscient. Mais établir des rapports de domination engendre des conséquences délétères dans notre relation à autrui et au monde.
Le véritable pouvoir personnel ne porte pas sur l’autre, il est une maîtrise de soi, en élevant son niveau de conscience. Il est un pouvoir d’Amour.
Il est notre capacité à regarder avec bienveillance tout ce qui nous constitue, et ainsi, en créant du lien à l’intérieur de nous, nous nous orientons vers une forme d’unité. Nous devenons peu à peu des êtres entiers qui se suffisent à eux-mêmes. C’est cette heureuse cohabitation intérieure qui permettra d’établir un lien pacifié avec le monde extérieur. La priorité est de savoir prendre soin de soi, de la même façon qu’un parent aimant et pleinement conscient le ferait avec son enfant inquiet.
Trouver l’unité, dans la présence à soi
Davantage unifié, nous n’avons plus à craindre les autres, nous n’avons plus à réagir dans un réflexe d’autodéfense ou nous soumettre. Nous nous mettons en état de présence, en observant les comportements de ceux qui nous entourent, en accueillant les ressentis, agréables ou désagréables, qui se présentent à nous, et en les apprivoisant de la meilleure manière possible. Ainsi, en désirant établir la juste distance, la juste relation à l’autre, nous apprenons aussi à nous protéger. Cela sans le juger lui, cela sans se juger soi, et sans se sentir obligé de rien.
Ainsi, nous pouvons utiliser de mieux en mieux les mots qui ne blessent pas, les mots qui nous représentent réellement, qui expriment avec justesse ce que nous pensons, ressentons (la communication non violente et un bon outil de transformation pour cela), ainsi nous pouvons poser les actes qui respectent notre intégrité. Et un acte véritablement respectueux de soi ne peut pas faire de mal à l’extérieur car il est une volonté éclairée d’authenticité et non pas une attaque de l’autre.
Une relation a autrui source de transformation
La relation est alors respectée. C’est alors que notre authenticité peut inciter autrui, s’il est prêt à cela, à s’engager dans la même démarche de vie, non pas pour nous ressembler, mais dans son désir de devenir véritablement lui.
Nous n’avons pas à conseiller quoi que ce soit à l’autre, nous n’avons pas à nous substituer à lui. Si nous rayonnons de notre pouvoir personnel, nous exerçons par notre simple présence une influence, sans que cela soit un but.
Il suffit que de plus en plus d’êtres humains parviennent à ressentir, exercer leur propre pouvoir personnel, pour que l’ensemble des rapports humain parvienne à se pacifier.
Nous avons traversé nos vies en la débutant, enfants, dans un état de dépendance absolue. Une fois adultes, nous avons voulu affirmer notre indépendance, tout en désirant être intégrés, cela avec plus ou moins de réussite.
La vraie réponse est certainement de reconnaître que nous sommes des êtres interdépendants. Autonomes certes, mais interdépendants !
Être dans cette reconnaissance ouvre à l’altérité et des rapports de coopération.
Être autonome, c’est se connaître soi, et exercer ses propres talents, sa créativité.
Dans l’interdépendance se marient la singularité et le collectif.
Une relation harmonieuse peut se créer, aucun n’a à l’emporter sur l’autre. Nous n’avons pas un choix à faire entre un individualisme forcené et une forme de communautarisme dans laquelle l’individu s’abandonnerait lui-même. Une voie nouvelle est à tracer.
Œuvrer à un monde plus coopératif tout en étant pleinement soi
La pacification, la transformation du monde dans son ensemble, et dans le respect du vivant, passe donc par l’apprentissage de soi. Dans ce cadre, toutes nos expériences de vie, dont nos épreuves sont les bienvenues.
Poser des pensées et des actes d’amour, dans le respect de nos limites, c’est la voie du progrès !
Chacun à sa façon, avec les limites et les talents qui lui sont propres, pourra agir, œuvrer au meilleur qui lui est possible. Et les rencontres qu’il fera, les partages qu’il vivra, seront chaque jour de plus en plus beau, de plus en plus juste.
Les jeunes générations sont certainement plus conscientes de cela que nous.
Pour ce qui concerne les plus âgés, le plus beau cadeau à faire à ces jeunes est de les encourager inconditionnellement à devenir eux-mêmes ! Hors de toute aliénation, de toutes formes de conformisme et de conditionnement, mais en croyant à leur beauté et leur puissance intérieures.
Une nouvelle forme de civilisation est possible, où l’humain justement investi dans sa citoyenneté peut être roi, et la vie sous toutes ses dimensions enfin sublimée.